mardi 27 septembre 2011

Le viol, analyse : un acte criminel "à part". Le plus difficile à juger


On a ici affaire au seul acte criminel qui en apparence ne diffère parfois en rien d'un acte naturel, d'un acte d'amour voulu ô combien, des deux côtés... dont la signification est pourtant opposée : criminel ou amoureux? L'interprétation, la séparation à effectuer entre deux gestes qui se ressemblent mais dont la signification va pourtant du zéro à l'infini réside seulement dans l'esprit, la volonté d'une partie : on en revient donc presqu'obligatoirement à la parole de l'un contre celle de l'autre.. encore plus difficile à prendre en compte du côté de la victime s'il n'y a pas eu de violence physiques mais seulement des menaces ou, plus complexe encore, une telle inégalité de situation -parfois abyssale- que, sidérée, elle a été empêchée de se défendre normalement*. En ce sens, on a pu dire que la seule victime certaine était une morte (ou un enfant en bas âge). Les magistrats sont donc contraints d'avoir recours à des hypothèses, des probabilités, relatives à l'accusé, de chercher s'il y a des précédents par exemple, (et même pour la victime). Ce flou incontournable est évidemment propice à l'erreur judiciaire a minima pour le violeur et fonde aussi la rareté des plaintes des victimes. Il faut du courage pour se lancer dans une telle aventure.

En revanche, l'agression sexuelle, souvent violente, est peut-être plus facile à démontrer (il y a des marques comme parfois pour le viol, mais ce n'est pas une preuve absolue) cependant elle est moins punie car il n'y a pas eu "aboutissement" ; là aussi, démontrer que l'inachèvement provenait d'un accident imprévu ou de la volonté délibéré de l'agresseur qui n'avait jamais eu l'intention d'aller au delà n'est pas facile.. même pour la victime ! (sauf s'il a été interrompu par un tiers et encore.) A-t-elle su se dégager par un coup bien placé ou n'était-il pas déterminé à conclure? Lui seul le sait. Il certifiera évidemment toujours (et ce n'est peut-être pas faux) que jamais il n'avait été dans son intention de violer, que ça ne lui est même jamais venu à l'esprit.. même s'il a arraché les vêtements de sa victime et si les coups assénés l'ont été par exemple en priorité sur les parties sexuelles etc.. Sa défense est toujours "je ne l'ai pas violée tout de même" et s'il a violé, "je ne l'ai pas tuée tout de même", et s'il a tué, "j'ai juste voulu la faire taire, elle n'arrêtait pas de hurler, une crise de nerf"..

Mais c'est le fait de la justice que de devoir trancher avec une marge parfois minime mais toujours existante d'incertitude, même si en ce cas extrême il lui incombe la tache délicate de départager deux gestes opposés... et semblables. (Certaines victimes n'osent parfois pas porter plainte parce qu'elles ont fini par éprouver un certain plaisir mécanique contraint, ce que leur agresseur évidemment va faire claquer au vent de son gonfalon pour les anéantir.) 

Dans le cas DSK/Banon, on peut faire entrer en ligne de compte le jeune âge de la plaignante -qui a l'air d'une gamine-, sa "naïveté" -reliée aux relations particulières qu'elle entretenait avec le mis-en-cause-, le passif de celui-ci -lourd-, le contexte -il semble courant dans le métier de journaliste qu'un VIP accepte une interview en échange de couchage-, l'âge du mis-en-cause -la différence de 30 ans joue évidemment contre lui-, et même son statut -mais là, ça peut jouer dans les deux sens, certes il a abusé de sa position mais la plaignante lui demandant quelque chose qu'il avait le pouvoir de monnayer en exigeant d'elle une prestation sexuelle, on peut supposer qu'elle l'avait implicitement accepté -ce que je ne crois pas- ou qu'elle se serait rétractée au dernier moment -mais c'est tout de même une tentative de viol-.. ou plus vraisemblablement, qu'elle ne s'attendait pas à ce qui advint -ses relations de proximité lui inspirant confiance-.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Membres

Qui êtes-vous ?