mardi 20 septembre 2011

Sur Tristane à présent qui a osé porter plainte contre DSK, après sa prestation télé de canal +



Tristane Banon, cela lui est reproché et on le conçoit, découvre semble-t-il tardivement les différences de situation entre hommes et femmes et les injustices qui vont avec. Sans doute sa perception des choses est-elle biaisée par l'extraordinaire personnalité de sa mère, forte, belle, indestructible, du moins c'est l'impression qu'elle donne, avec évidemment le côté cour, l'absence et peut-être l'opportunisme auquel aucun politique n'échappe. Ne nous étonnons pas : il y a des jeunes comme ça dans les milieux favorisés qui n'ont connu que le côté jardin des choses, même si cela peut s'associer à un certain "abandon", parfois très bien vécu lorsque la mère de substitution est OK, parfois traumatique comme dans le cas. [Toutes les mères qui ont dû travailler durement (pas forcément pour faire carrière) doivent se reconnaître dans le portrait que la jeune femme dresse de sa mère. Le cas est pire lorsque s'y ajoute le manque d'argent, soulignons le tout de même!] Ce sont des jeunes auxquels il faut expliquer que vivre en HLM à la Courneuve et dans le 16ième, ce n'est pas du tout pareil, que gagner le SMIG (voire rien), et 100 fois le SMIG, ça change tout, que devoir demander de l'aide aux services sociaux, c'est tellement humiliant que l'on préfère ne pas se nourir, que l'alcool est là parfois pour s'évader et que cela aussi change tout, et en un mot que prendre des baffes sans manger est pire qu'en prendre le ventre plein etc...

 

Ce fut mon travail longtemps et j'ai même vécu un an une expérience absolument unique je crois dans l'EN comme prof de philo : j'avais été nommée sur deux mi-temps, mais l'un dans une banlieue chaude (et même plus que ça) et l'autre dans un grand lycée parisien avec prépa (où aurait pu se trouver Tristane). Je parlais donc à mes élèves et étudiants les uns des autres et surtout observais l'incroyable différence de leur manière de réagir aux cours et aux situations. Les seconds écoutaient, extrêmement attentifs (pas les premiers, souvent moqueurs), les yeux écarquillés (17-18 ans).. ce que les premiers savaient depuis toujours. Voici par exemple le genre de vidéo que je leur avais fait passer juste pour leur montrer : un hénorme succès. (lien)  En fait, ici, c'est la ou le prof de philo (et la mère) qui n'ont pas fait leur boulot, pour Tristane, comme le cas est fréquent : et c'est ainsi qu'on voit des jeunes de 30 ans intellectuellement tout à fait au point qui ne sont apparemment pas encore vraiment sortis de l'oeuf (et d'autres sortis trop tôt qui n'ont pas pu développer comme les premiers leurs qualités intellectuelles, essentiellement par défaut de pratique technique ou de temps -souvent ils travaillaient au marché les samedis-.)

Et c'est là où je voulais en venir : il faut alors aux premiers une grande claque dans la figure pour se mettre en "prise" avec la réalité, d'un seul coup. En une seconde, ils prennent 15 ans. De fait, si un événement assez "banal" quoiqu'évidemment traumatique (j'exagère, OK) un événement que la plupart des femmes ont hélas connu a généré un tel tsunami chez Tristane, c'est bien justement parce qu'elle n'était pas tout à fait dans le monde réel ni armée pour l'insoutenable lourdeur des choses. Une gamine? Si l'on veut, malgré (ou à cause de) son talent et humour. (Et il se trouve aussi qu'un trauma précédent du même ordre peut fragiliser encore.) Une étude reste à faire à ce sujet : combien de femmes ont-elles vécu cela au moins une fois voire plusieurs dans leur vie ? Combien en ont-elles été traumatisées, j'entends à ce point? Et pourquoi? (lien)
Dans son cas tout se complique encore puisqu'elle a déjà subi une agression sexuelle dans l'enfance de la part du mari de sa nourrice... et cela aussi lui est injustement reproché lorsqu'elle ose dénoncer DSK. Une récidiviste en somme. Avec un passé "lourd" (notons que dans ce terme on mélange victime et doleur, comme si le fait d'avoir été agressée était bel et bien une marque au fond assez défavorable pour sa crédibilité future : une agression, soit, on veut bien l'admettre mais deux bonjour les dégâts, elle exagère). Or une femme peut avoir été violée ou agressée sexuellement ET avoir eu une enfance désavantagée (notez bien que je ne dis pas défavorisée) : c'est même un cas assez général. Ca s'emboîte bien les trauma. Et les reprocher à la victime, c'est à dire lui faire grief de l'avoir été plusieurs fois comme on le lit parfois est navrant; cela revient à reprocher à un enfant qui meurt de faim de ne pas être en bonne forme physique et de se montrer en somme assez peu photogénique. (lien)


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