mardi 8 novembre 2011

La lâcheté quotidienne

Réseaux pédophiles ? Et si c’était plus simple ?

Qu'il s'agisse de pédophilie ou non, le principe est le même, juste un peu plus terrible dans le premier cas. POURQUOI LES GENS NE PARLENT-ILS PAS ? Explication peut-être à partir d'une histoire vécue.

Il semble qu'il y ait un fichier de délinquants sur mineurs qui a été un peu tardivement mis à disposition de la justice française, ce qui a posé problème à beaucoup. Des réseaux? peut-être, je ne sais pas mais l'impensable légèreté (lien avec la cas de la petite fille turque dite "O") avec la quelle sont ou furent parfois -car cela change tout de même actuellement- les affaires de pédophilie peut aussi avoir un cause plus sordide et plus simple (lien avec le cas d'Océane). 

Voici une histoire qui date un peu. Proviseur ou "faisant fonction" ce qui n’est pas tout à fait la même chose, dans un lycée professionnel de Province, je reçus un jour une élève (14 ans) amenée par ses copines insistantes, elle avait l'air terrorisée.. par moi. Débile légère, section SAS, elle finit par me dire avoir été "touchée" (en fait c'était plus que ça) par un adulte.. qui travaillait au bahut. (!) Il était difficile de tout comprendre mais je lui ai immédiatement donné le trombinoscope de TOUS les professionnels du campus, heureusement parfaitement tenu à jour par mon prédécesseur, avec un café et des encouragements fervents "tu as tout le temps" etc.. Miracle, elle le reconnut au bout de dix minutes à peine de feuilletage.

OUF !!! Mille fois ouf! C'était un "t.u.c.", ainsi appelait-on des jeunes au chômage ou en réinsertion employés pour des taches mineures un temps déterminé, un soulagement immense. [Il fut arrêté et avoua, ce fut le même scénar banal de tous les agresseurs sexuels, elle "faisait" plus que son âge, il avait cru qu'elle était consentante, elle ne s'était pas défendue etc.]

Mais ce qui est important ici est la suite. Que pensez-vous qu'il arriva ? Je fus admonestée (hard) par mon collègue pro technique -qui cependant n'était pas mon supérieur-, son CPE et toute sa cour qui s'arrangèrent pour me pourrir la vie ensuite et me faire muter, en un sens, sans le vouloir, ils me rendirent un immense service, sur la base que j'aurais dû les prévenir avant de déclencher la lourde artillerie -je l'avais fait mais ils étaient injoignables- qu’importe, j’aurais dû attendre, j'avais fait courir un risque au lycée, je m'étais emballée pour rien (!) un flirt un peu poussé tout de même ce n'était pas la mort, j'avais aggravé les choses au lieu de les calmer, avec ces "gosses" (les SAS) on n'était jamais sûr de rien etc.. Ils redoutaient qu'il y ait plainte de la part de la mère, que le bahut ne soit responsable, le fait est qu’il l’était, mis à l'index -la jeune fille avait été seule dans une salle de midi à 2 heures- et que leur note administrative ne soit baissée. Ce sont ces réactions de gens banaux, pas de vrais salauds! qui confortent les criminels et leur confèrent l'impunité, plus que des soi-disant complicités (peut-être y en a-t-il, je ne sais pas, mais ici ce n'était pas le cas, c'était juste la peur de perdre une prime et de se voir peut-être blamer.) Et c'est ce qui décourage les gens de porter plainte ou, lorsqu'il s'agit de professionnels de l'éducation responsables, d'entendre une plaignante. Il y a manière et manière de recevoir une victime qui en le cas ne demandait qu'à fuir à toutes jambes.

Mais ce n’est pas tout. Supposons que le gus n'ait pas avoué, qu'il se soit montré convaincant avec l'aide d'un ténor quelconque stipendié, que la gamine briefée par mes collègues -qui ont tout fait pour !- se soit rétractée, ces enfants peuvent dérouter par leur influençabilité, là ce ne fut pas le cas, sans doute le fait que je l'aie écoutée l'avait-il renforcée, et que la mère ait suivi le mouvement de déni, que croyez-vous qu'il serait advenu? Ma carrière eût été brisée [elle le fut en un sens mais pour le meilleur] j'aurais porté au minimum l'opprobre d'incompétence (!), j'aurais été celle qui s'emballe pour rien et met tout le monde dans le pétrin,  alors que si je n'avais rien fait d'autre que "calmer le jeu", renvoyant la gamine à ses serpillières avec un bonbon, après tout il était tard lorsqu’elle s’était enfin décidée, poussée par deux copines, à venir me "déranger" et pour une ado fragile, c'était énorme.. personne ne m'en aurait voulu, même au cas hypothétique où la mère, prévenue ensuite aurait découvert le pot aux roses et décidé de porter plainte contre le lycée (j'aurais affirmé m'être trompée, la belle affaire, avec les SAS, pas facile de comprendre, était-elle seulement venue m'avertir? soutenue peut-être -peut-être pas- par mes collègues gênés par leur absence et surtout par l’impossibilité de les joindre ce soir-là.)

Comprenez-vous à présent pourquoi des gens, même des pro, même "innocents", même relativement dévoués par ailleurs se taisent? Ils ont tout à y gagner surtout lorsque la victime est fragile. Dénoncer comporte un risque, celui de déclancher un scandale, de faire braquer des yeux suspicieux non seulement sur vous mais sur toute l'institution, et on ne vous ratera pas même si cela "marche". Mais alors si vous vous plantez, ce n'est même pas la peine d'y penser. Ce sont ces minimes lâchetés, peur de voir sa note administrative baissée, de dévoiler des dysfonctionnements y compris légers d'une boîte, de se voir refuser ensuite des crédits, de donner ou de confirmer une mauvaise réput du bahut, qui sont la plupart du temps à l'origine de ces refus d'entendre des enfants ou ado victimes, donc d'investiguer. Et puis ça crée du travail en plus, des RV délicats -avec les parents- à assumer, des rapports à rédiger, des plaintes à corroborer, une enquête même minime à mener, sans compter la crainte de représailles de ceux sur qui vous avez lancé la police, souvent fort mécontents et, s'il s'agit de caïds d'arrondissement, vous devinez la suite. Un proviseur est seul le soir dans un campus totalement désert, en le cas ouvert à tout vents, mal éclairé, ici par endroit un vrai coupe gorge. (lien avec le blog femmes avenir)

En conclusion, le soi disant enfant-roi est un mythe qui cache la totale désinvolture au quotidien vis à vis de ceux-ci, quasiment instituée qui est la norme, surtout s'il est déficient même légèrement -donc plus vulnérable- ou issu de milieu défavorisé -ou pas, pas toujours- (lien avec le blog "Secret de famille")

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